CCDA 11 : l’urgence de passer à l’action !

Par Nicodeme Djoma

Dans une interview accordée à Energies Media à la fin de la onzième Conférence annuelle sur le changement climatique et le développement de l’Afrique, la Ministre congolaise de l’Environnement, du Développement durable et du bassin du Congo, Arlette Soudan-Nonault, déclare que l’Afrique doit résolument passer à l’action

Madame le Ministre, au cours de votre intervention lors de la cérémonie de clôture de la CCDA11, vous avez semblé affirmer qu’aujourd’hui l’Afrique appréhende mieux les enjeux liés au changement climatique…
Effectivement nous avons aujourd’hui une donnée fondamentale qui est la Contribution déterminée au niveau national (CDN). Nous l’avions eue par le passé, mais la différence c’est qu’il y a aujourd’hui une meilleure appropriation, une meilleure implémentation, et nous comprenons mieux de quoi il s’agit. Nous comprenons ce qu’est le changement climatique, puisque cela impacte nos vies, c’est du concret. Comment aller vers une agriculture résiliente si nous n’avons pas de ressources ? Comment procéder lorsque vous avez des semences qui exigent une croissance rapide et que le sol est aride ? Finalement vous n’avez pas d’autres choix que d’acheter les semences d’ailleurs et qui finissent par polluer vos sols ! Or, polluer les sols c’est atteindre la couche phréatique avec le lot d’impacts qui en découlent : les érosions, les fleuves et des rivières qui débordent. Il y a aussi la fonte de l’Antarctique qui impacte nos vies, la pollution des pays du Nord qui bouleverse la stratosphère dans nos régions… A titre d’exemple, mon pays, la République du Congo, fait partie des pays les plus vulnérables et les moins bien préparés au changement climatique, avec son lot de réfugiés climatiques. Ce phénomène crée des problèmes sur le plan sécuritaire et même sanitaire, et on veut nous dire que nous qui œuvrons pour la biodiversité de ces bassins, la préservation des écosystèmes forestiers mondiaux, la régulation du climat…que nous devons continuer à maintenir cette conservation de la nature pour que le monde riche respire pendant que nous autres serrons la ceinture ! Non ! L’Afrique ne fait par la manche. Nous demandons simplement que les règles qui s’appliquent aux pays du Nord, aux pays de l’OCDE, s’appliquent aussi sur nous autres qui portons la régulation du climat mondial. Si nous touchons nos forêts aujourd’hui, il est avéré par les scientifiques que le monde basculera de 3 ou 4°C.

Madame le Ministre, dans votre intervention vous semblez décrier une certaine injustice climatique ?
Effectivement on a envie de se demander s’il faut préalablement laisser la planète se brûler pour que le monde riche se réveille ? Nous demandons simplement d’être rétribués pour que nous allions vers la transition énergétique, la transition écologique… c’est ça l’adaptation ! Nous sommes de bons élèves de l’atténuation, de la réduction de l’émission des gaz à effet de serre, mais qu’est-ce qu’on en fait ? Doit-on continuer à conserver ? A quel prix ? Au prix des différentes catastrophes, des différentes misères ? On ne peut pas continuer à nous dire que nous sommes de mauvais gouvernants ! ce n’est pas l’apanage de l’Afrique. Beaucoup d’africains ignorent les enjeux de leur propre continent. Aujourd’hui c’est nous qui réglons les problèmes du monde dans le sens de la régulation du climat. A titre d’exemple, partout en Europe quand vous garez votre véhicule et on vous met un parcomètre, on vous rend service et vous devez payer. C’est la même chose pour nous ! car nous rendons un service éco-systémique au monde. Donc il va falloir que nous disions ces choses à nos partenaires du Nord, parce qu’il n’y a plus de sous-peuple et il faut une justice climatique.

source : www.energies-media.com

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